La citoyenneté

Publié le par Les Nouvelles Calédoniennes

Les Nouvelles calédoniennes : Qu’est-ce qui vous gêne dans l’affirmation que la citoyenneté consiste à bâtir un pays ensemble ?
Pierre Maresca : Pour nous, la citoyenneté est l’affirmation d’une identité calédonienne, et en aucune façon une marche vers l’indépendance . C’est un concept rassembleur et non discriminatoire, ce qui ne semble pas être la conception de nos dirigeants actuels. L’Accord de Nouméa définit la citoyenneté exclusivement par la capacité de voter aux élections provinciales à l’issue de 10 ans de résidence. C’est à cette définition que le Rassemblement a adhéré. Parler du « peuple calédonien » en se référant à la citoyenneté calédonienne est une déviance. Anticiper la nationalité calédonienne en dévoyant la citoyenneté, c’est se mettre en route vers l’indépendance.

LNC : Vous n’adhérez pas non plus à la fête de la citoyenneté, le 24 septembre autour du Mwâ Kâ...
P. M. :
Contrairement à ce que pense Philippe Gomès, le
Mwâ Kâ est une expression forte de la personnalité mélanésienne, et il n’a pas vocation à représenter l’ensemble des communautés calédoniennes. Je crois d’ailleurs qu’il ne fait même pas l’unanimité en milieu mélanésien. Et je pense enfin qu’il est dangereux d’utiliser des termes tels que « peuple calédonien. » On voit la dérive que cela a entraînée en Corse. Il n’y a qu’un peuple, c’est le peuple français dont nous faisons partie.

LNC : Vous vous dites inquiet de la situation politique. Pourquoi ?
P. M. :
Le 9 mai a bouleversé la donne politique. D’un système binaire, on est passé à une configuration éclatée qui brouille les cartes et fait trembler sur ses bases
l’Accord de Nouméa signé par le RPCR et le FLNKS. Le dialogue des deux partenaires est rompu. En dehors des grand-messes institutionnelles, les gens ne se rencontrent plus. Le Rassemblement a été mis brutalement hors jeu, et le FLNKS est retranché dans la Province nord. Plus personne ne se parle, sauf par média interposé, alors que ce dialogue est plus que jamais nécessaire puisque nous arrivons à la phase cruciale des dossiers qui fâchent : la définition de la citoyenneté, le corps électoral, l’emploi local, les signes identitaires, la construction de l’usine du Nord... Ce n’est pas en ne se parlant pas qu’on va les régler.

LNC : Mais n’est-ce pas vous qui vous êtes résolument inscrits dans l’opposition ?
P. M. :
L’Avenir ensemble a refusé tout dialogue. Ils nous ont mis dehors de tout. Ils en sont encore au stade de la revanche, il n’y a aucune ouverture. Il n’y a que nous qui avons voté avec eux des textes sur lesquels, sans notre aide, ils auraient été battus.

LNC : N’est-ce pas la vieille recette de l’ancien Rassemblement : sans nous le chaos ?
P. M. :
Il ne s’agit pas de faire du catastrophisme. Simplement, je suis préoccupé de la manière dont les choses se passent, ou ne se passent pas. La concertation politique défaillante et le dialogue social inexistant amplifient dangereusement les conflits dans un contexte fragilisé par l’absence de majorité au Congrès et au gouvernement. L’heure du sursaut, qui passe par une concertation renouvelée, est arrivée. Il est sans doute juste temps.

Propos recueillis par Henri Lepot LES NOUVELLES CALEDONIENNES - 25 octobre 2005

 

Publié dans Revue de presse

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