L'indispensable sursaut

Publié le par Pierre Maresca

          

           Le 9 mai 2004 a bouleversé de fond en comble la donne politique calédonienne.

          D'un système binaire  - indépendantistes/loyalistes-on est passé à une configuration éclatée qui brouille les lignes de démarcation et fait trembler sur ses bases l'accord de Nouméa signé par le FLNKS et le RPCR en 1998.

          Paradoxe calédonien : alors que l'économie tourne à plein régime, que les finances publiques sont florissantes, que le marché de l'emploi est porteur, que les perspectives de croissance sont optimistes, le climat social est explosif et le contexte politique se durcit.

          Les raisons en sont connues .Depuis les élections provinciales et le changement de majorité, le dialogue permanent et constructif qu'entretenaient les signataires de l'Accord de Nouméa est rompu.

          Le Rassemblement mis brutalement hors du jeu, le FLNKS retranché dans la Province Nord, plus personne ne se parle sinon par médias interposés.

          Alors que, plus que jamais, le dialogue direct est vital. Nous arrivons en effet à une phase cruciale du processus où les dossiers qui fâchent viennent à l'ordre du jour : définition de la citoyenneté, corps électoral, emploi local, signes identitaires, construction de l'usine du Nord .

         Cette accumulation de difficultés n'est une surprise pour personne. Elle était inscrite dans les lectures discordantes des accords historiques basés sur le plus petit commun dénominateur nécessaire au retour puis au maintien de la paix civile.

         La panne sèche de l'Accord de Nouméa depuis les dernières élections met en péril le fragile équilibre qui a porté, depuis les Accords de Matignon en 1988, la Nouvelle-Calédonie sur la voie de la réconciliation.

        La concertation politique défaillante, le dialogue social inexistant, amplifient dangereusement les conflits dans un contexte fragilisé par l'absence de majorité au Congrès et au Gouvernement.

        Alors que d'un peu partout se lèvent les vents mauvais de la discrimination et de l'exclusion, les escarmouches d'assemblée, les petits règlements de compte revanchards n'intéressent personne et sont décalés dans leur dimension dérisoire, rapportée à l'ampleur des problèmes à régler.

         L'heure de l'indispensable sursaut, qui passe par une concertation renouvelée, est arrivée .Il en va de la responsabilité des politiques héritiers d'un précieux patrimoine qu'ils ne peuvent dilapider impunément.

      Il est grand temps. Il est même sans doute juste temps ! 

 

Publié dans Opinion

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