Pierre Maresca : « Je suis candidat aux législatives »

Publié le par Pierre Maresca

Les Nouvelles Caledoniennes - Mardi 5 decembre 2006

Le fait du jour

Battu aux primaires, Maresca se présente quand même

Battu de peu lors des primaires du Rassemblement, dans des conditions qu’il conteste, Pierre Maresca sera tout de même candidat aux législatives. Il ne démissionne cependant pas du parti dont il est fondateur, et propose à ses amis la constitution d’un club de réflexion pour relancer le débat politique sur l’Accord de Nouméa.

Les Nouvelles calédoniennes : Où en êtes-vous, six semaines après les primaires du Rassemblement ?
Pierre Maresca : Le scrutin n’a pas été loyal et sincère. Tout le monde sait ce qui s’est passé avec les procurations. J’ai été victime d’une manœuvre politique et j’ai été écarté. Ce scrutin n’ayant pas respecté la règle du jeu, je ne me sens pas engagé par son résultat. En conséquence, je maintiens ma candidature aux législatives, parce que je considère que j’ai davantage de capacité de rassemblement que le candidat qui a été désigné.

LNC : Au risque de diviser un peu plus le Rassemblement ?
P. M. : Il ne faut pas confondre : c’est moi qui suis victime, c’est moi qui ai fait l’objet d’une manœuvre d’écartement. C’est donc à ceux qui l’ont engagée qu’il faut demander s’ils n’ont pas pris la responsabilité de diviser le Rassemblement.
Mais je prends la décision sans état d’âme, car tout le monde sait qu’il n’y a aucun risque que la première circonscription passe aux indépendantistes. Je ne mets pas en cause l’essentiel, je ne me conduis pas comme un irresponsable. Simplement, je veux retrouver la vocation initiale et l’esprit du Rassemblement, qui doit être une structure d’union et pas d’exclusion. Et je pense en particulier aux communautés océaniennes, qui ont malheureusement quitté le Rassemblement.

LNC : Et vous, allez-vous quitter ce Rassemblement qui ne vous va plus ?
P. M. : J’ai démissionné du secrétariat général, parce que je considère que le pacte de confiance passé avec Pierre Frogier en juillet 2005 est rompu, de son fait. Je ne pouvais plus travailler avec lui dans ces conditions. Je me retire des instances dirigeantes du Rassemblement, mais je ne vais pas me mettre moi-même à la porte d’un mouvement dont je suis membre fondateur et que j’ai largement contribué à sauver de la débâcle après le 9 mai 2004. S’ils ne veulent plus de moi au Rassemblement, il faudra qu’ils m’excluent.

LNC : Sur quoi allez-vous mener campagne pour les législatives ?
P. M. : Sur les thèmes que j’ai toujours défendus et qui sont de plus en plus d’actualité puisque la législature 2007-2012 cogne sur la dernière période de l’Accord de Nouméa.
La gestion des collectivités, c’est important, mais la définition de l’avenir institutionnel l’est au moins autant, alors qu’on a laissé tomber cette discussion depuis des années.
Pour y arriver dans le meilleur contexte, je m’engage, si je suis élu député en 2007, à travailler à la réunification de la famille loyaliste, en fonction du nouveau rapport de force électoral. Il faut sortir des querelles de personnes pour s’allier sur l’essentiel, pour aborder dans les meilleures conditions la dernière étape de l’Accord de Nouméa. Une fois cette condition incontournable remplie, je m’engage aussi à reprendre le dialogue avec les indépendantistes. On a fait les accords de Matignon/Oudinot et l’Accord de Nouméa avec eux, et on ne pourra pas faire la sortie de l’Accord de Nouméa sans eux. D’où l’intérêt d’une structure de réflexion, pour commencer à faire avancer les choses.

LNC : Avec qui, et pour quelle structure ?
P. M. : Depuis malheureusement plus de deux ans, le débat politique de fond n’existe plus, notamment sur la poursuite de l’Accord de Nouméa et sur sa finalité. J’ai lu avec attention les propositions de Pascal Naouna sur l’indépendance-association, ce qui n’est pas nouveau, et la réponse de Pierre Bretegnier sur l’Etat fédéral. Cela veut dire que le débat fondamental peut être relancé aujourd’hui, et que peut-être, à côté des partis politiques, il serait bien d’avoir un cercle de réflexion. J’envisage de le créer. Il s’appellerait Club 2018 (NDLR : date théorique de sortie du processus de l’Accord de Nouméa). C’est clair, c’est net, ça indiquerait bien l’ambition et l’objectif. Il pourrait réunir des politiques mais aussi des constitutionnalistes, des gens de la société civile, des représentants des corps constitués, des syndicats, etc.

LNC : Y a-t-il déjà un noyau constitutif de ce cercle ?
P. M. : Je parle aujourd’hui en mon nom personnel puisque ma décision de maintenir ma candidature est avant tout une décision personnelle. Mais je ne suis pas tout seul. Je suis soutenu dans ma démarche par un groupe d’élus, provinciaux et municipaux. Je leur laisse la responsabilité de se déclarer, mais je sais qu’il y a beaucoup de membres du Rassemblement qui sont indignés et que, si je ne fais rien, ils vont se retourner vers d’autres horizons.

LNC : Jacques Lafleur, lui aussi, est pratiquement candidat. Vous rentrez de Paris. Qu’y dit-on sur les investitures UMP pour la Nouvelle-Calédonie ?
P. M. : Il y a une grande perplexité de la part des instances dirigeantes de l’UMP, qui se demandent ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie. On en arrive pratiquement à une quatrième fraction UMP. Celle de Martin/Gomès, celle de Lafleur, celle de Frogier et la mienne aujourd’hui.
La tradition veut qu’on donne l’investiture au sortant, et en l’occurrence le sortant est Jacques Lafleur soutenu par Simon Loueckhote, le sénateur UMP. C’est difficile pour les instances parisiennes de se mettre deux parlementaires à dos en donnant l’investiture à Gaël Yanno. La formule pourrait être de ne la donner qu’après le 1er tour, à celui arrivé en tête.

Propos recueillis par Henri Lepot


Effets secondaires

Les primaires sont rarement sans effets secondaires... Avant le 14 octobre, date du congrès du Rassemblement au cours duquel les adhérents ont désigné le ticket Frogier/Yanno pour les législatives, elles étaient censées illustrer la démocratisation et la rénovation du parti. C’est raté : elles ont en fait conduit à un émiettement supplémentaire.
Marianne Devaux et Guyèdre Wamedjo, au vu de leur score, ne pouvaient que s’incliner. Mais Pierre Maresca, qui devait, comme les autres candidats, se rallier au choix des militants, s’estime floué par le jeu de quelque 1 300 procurations et fait bande à part. Il note avec malice qu’il a été « écarté » parce qu’il incarnait l’ancien régime, mais que Pierre Frogier et Gaël Yanno, les candidats de la « rénovation », sont tout autant que lui des héritiers du RPCR de Jacques Lafleur. Le premier en était le dauphin désigné, le deuxième le suppléant pendant deux mandats.
Frogier/Yanno, Lafleur/Loueckhote, Maresca/Bretegnier : le Rassemblement en trois morceaux ouvre un boulevard à l’Avenir ensemble pour les législatives dans la première circonscription. À condition que le parti au pouvoir évite, lui aussi, de se déchirer sur un choix Leroux/Gomès, ce dernier ayant pris soin de faire savoir ces dernières semaines qu’il n’avait « pas pris sa décision. » Ce qui suppose qu’il a envisagé sa candidature...
En tout cas, l’exemple du Rassemblement va sans doute peser dans la stratégie de l’Avenir ensemble. On n’y parle pas de primaires, mais de la désignation par un vote « du meilleur candidat. »
Et probablement un vote... sans procurations.



Publié dans Revue de presse

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